Élections : et après le vote ?

Élections : et après le vote ?

Durant les dernières semaines, j’ai échangé avec plusieurs d’entre vous à propos des élections présidentielles et notamment après le premier tour. Beaucoup étaient déçus des résultats par rapport à la place accordée au sujet de l’écologie durant la campagne (quasi nulle, il faut le dire).

Nous étions beaucoup à attendre de ces élections 2022 en la matière. Après tout, les dernières années ont vu l’émergence de marches pour le climat ou des rapports de plus en plus alarmants du GIEC.

Un « oubli », laissant penser que l’écologie n’est pas un sujet d’actualité, une priorité qui mérite qu’on s’y intéresse. Alors que c’est un des enjeux les plus déterminants pour le futur présent de l’humanité. 

On peut se poser la question : est-on prêts à affronter ce qui va arriver ? La majorité des scientifiques s’accorde à dire qu’il va falloir s’adapter et changer, et qu’il faut le faire maintenant.

Le problème, c’est qu’il existe la croyance généralisée que nous avons bien peu de pouvoirs d’action et de décision. Que ceux-ci ne résident qu’entre les mains de quelques-uns. C’est, heureusement, faux ! Nous détenons plusieurs leviers pour changer la société.

Le pouvoir de ton argent

Je l’ai déjà abordé plus profondément dans un précédent article dont je vous remets le lien ici.

  • Via ta banque : notre argent déposé en banque ne dort pas. La somme que nous y voyons n’est que virtuelle, et elle est réinvestie chaque jour par les banques dans des projets internationaux, auprès des états, pour faire des prêts aux entreprises et aux particuliers, donner des subventions, faire du sponsoring… En somme, les banques sont présentes partout. Donc, si je place mon argent chez une banque qui investit dans des projets pétroliers, je les finance indirectement.

    Pour savoir à quoi sert ton argent en banque :

  • Via tes achats quotidiens : ton alimentation, tes produits ménagers, tes vêtements, tes outils numérique, ton mobilier… Sais-tu où et comment ils ont été fabriqués ? Quels sont les matériaux et produits qui les composent ? Si les personnes qui les fabriquent sont correctement rémunérées ? S’ils impliquent du travail d’enfants ? Quel gaspillage d’énergie ont-ils généré ? Comment ont-ils été acheminés ? L’idée n’étant pas de chercher à avoir un impact 0 mais de savoir évaluer en conscience l’impact des produits et services que tu achètes chaque jour pour faire les meilleurs choix pour toi. Tu peux apprendre à déterminer quels facteurs observer dans cet article.

    De la même manière que pour les banques, si tu achètes des produits fabriqués dans des pays où les conditions de travail sont inhumaines, avec des matériaux dangereux pour la santé et l’environnement, tu cautionnes ce type de système lucratif.

    C’est également important de prêter attention aux engagements réels des entreprises. Pour cela, rien de tel que de se fier à des labellisations sérieuses (Fairtrade, AB agriculture biologique…) qui reposent sur des chartes très strictes. Mais aussi aux preuves que tu pourras trouver (chiffres, témoignages, documents photo et vidéo, et non juste des publicités).

  • Via tes choix d’investissements plus grands :

    • Tu construis une maison ? Comment sera-t-elle pourvue en énergie ? En quels matériaux sera-t-elle construite (béton, terre, paille, bois…) ?

    • Tu as besoin d’acheter une voiture ? Quel impact aura-t-elle pendant sa durée de vie ? As-tu d’autres moyens tout aussi pratiques de te déplacer ?

    • Tu pars en vacances ? Prendras-tu l’avion, le train, un covoiturage ? La piscine est-elle naturelle ? Etc.

      Chaque choix d’investissement important a une conséquence sur laquelle tu as totalement du pouvoir (moins, si tu demandes des financements auprès de certaines banques). Ces choix de vie, tu les fais à un instant T mais ils seront aussi essentiels que tes choix au quotidien, puisqu’ils auront un impact dans ta vie chaque jour. C’est pourquoi tu dois te poser la question dès le début de tes projets.

  • Financer les projets, entreprises et associations qui te tiennent à cœur et que tu as envie de voir se développer : dons financiers ou en nature (mobilier, matériel), cotisations, legs, mécénat (financier, matériel, de compétences), campagnes de crowdfunding… Tu as plusieurs choix possibles sur la manière dont tu peux financer ces projets.
    Quelques sites pour te renseigner :

Voter, pas que pour les presidentielles

On croit souvent que seules les élections présidentielles ont leur importance. Rien n’est plus faux ! Chacune des entités ci-dessous a un rôle à jouer dans les changements de notre société.

Je pense que pour assumer entièrement son rôle de citoyen, il faut connaître comment fonctionne le système. Pour ma part, j’ai réellement compris comment fonctionnaient les différentes collectivités en y travaillant. En étant en contact avec la population, je me suis rendue compte de la méconnaissance à l’égard de l’organisation des administrations : qui gère quoi ? Comment interagir avec elles ?

L’État, les régions, les départements, les intercommunalités et les communes ont tous des pouvoirs spécifiques. Ces pouvoirs, appelés compétences obligatoires, peuvent être complétés par des compétences additionnelles qu’ils choisissent. Les financements des collectivités proviennent de subventions entre elles, de subventions d’autres organisations publiques, des banques 😉 et des taxes des particuliers et des entreprises.

Par exemple, les intercommunalités n’ont pas obligatoirement à s’occuper de la santé sur leur territoire (pris en charge par le département). Pourtant, elles peuvent en prendre l’option si elles ont des projets en ce sens.

Voilà plus précisément comment cela se présente (retour en cours de collège 😀 ):

  • Le chef de l’État et son gouvernement : c’est l’exécutif. Il met en œuvre les lois à travers les administrations (et l’armée) et dicte des règlements.

  • Les députés au sein de l’Assemblée Nationale rédigent et adoptent les lois (législatif), et contrôle les actions du gouvernement.

  • Le pouvoir judiciaire est une entité indépendante. C’est pourquoi on peut condamner l’État pour inaction climatique en France 🙂 . Il veille au respect des lois.

  • Les Régions : elles gèrent les lycées, les transports régionaux (cars, gares routières, TER), le développement économique, l’aménagement du territoire régional, la formation professionnelle.

  • Les Départements : ils gèrent les actions sociales (handicaps, personnes âgées, enfance, aides sociales…), les collèges, l’aménagement départemental (routes et voiries) et les transports départementaux.

  • Les intercommunalités : elles gèrent les déchets, l’aménagement de zones économiques, la promotion touristique, l’accueil des gens du voyage, l’eau et l’assainissement.

  • Les communes : elles gèrent les CCAS, l’urbanisme, les voiries communales, les équipements sportifs communaux, l’associatif, les écoles, l’état civil et la police administrative.

Tout le reste (sport, culture, tourisme…) est partagé entre les différentes collectivités.

Je te conseille de consulter les sites des collectivités de ta localité pour te faire une idée plus précise. Cela te permettra aussi de mieux comprendre ce qui est possible ou non dans les programmes des candidats aux élections locales, car il arrive que certains présument un peu de leur pouvoir.

C’est pourquoi, ces élections comptent aussi :

  • Les élections législatives pour élire les députés (le Sénat, lui, est élu indirectement) – tous les 5 ans, même année que les présidentielles.

  • Les élections européennes (lois à l’échelle de l’Europe) – tous les 5 ans

  • Les élections de ta commune (d’où le conseil intercommunal est élu de manière indirecte) – tous les 6 ans

  • Les élections départementales et régionales – tous les 6 ans, 2 ans après les élections communales

    Pour connaître les prochaines dates de chacune : https://www.elections.interieur.gouv.fr/

Rejoindre ou construire un collectif

Nous avons plus de poids à plusieurs que seul. C’est pour cette raison que créer ou rejoindre un collectif de citoyens est un moyen fort de porter ses engagements. Les actions réalisées peuvent avoir d’autant plus de portée mais également être plus beaucoup grandes en terme d’échelle.

Ces collectifs, tu peux les rejoindre dans différentes moments de ta vie :

  • Dans ton entreprise (créer une éco-team, faire partie d’une organisation syndicale, devenir représentant des salariés au CSE, participer à des collectifs inter-entreprises comme les Collectifs…).

  • Dans une association locale : elles peuvent avoir un poids sur les instances publiques.

  • Rejoindre un réseau national (ex. Sea Sheperd, Zero Waste France) ou des mouvements citoyens (Les colibris, Extinction Rebellion…).

  • T’engager en politique : tu peux demander à rejoindre la liste d’un candidat aux élections locales pour faire partie de son conseil communal en cas d’élection. Tu pourras ensuite monter en compétences en participant au conseil intercommunal, départemental… Ton seul pouvoir politique n’est donc pas qu’au niveau du vote. Attention cependant à garder en tête que c’est un réel engagement pas toujours évident.

  • Participer aux journées mondiales et aux actions réalisées sur ta localité par les assocations, entreprises, écoles et collectivités. Par exemple, il y a sûrement des événements organisés pendant les Semaines du développement durable ou de la réduction des déchets, lors du Jour de la terre, de la Journée de l’océan, etc. près de chez toi. Pour le découvrir : https://www.journee-mondiale.com/

  • Participer à des pétitions, campagnes de boycotts, grèves, manifestations… Ces systèmes de pression permettent de faire entendre une contre-voix aux différents pouvoirs (lobbies, gouvernement, entreprises…).

  • Donner son avis à des consultations, concertations, enquêtes publiques, référendums (pour l’Union Européenne, la France ou à échelle plus locale). Pour cela, il faut se tenir informé des projets ouverts à avis public. À noter que les enquêtes publiques sont obligatoires pour certains projets (par exemple, aménagement important d’un territoire ou avec un budget élevé).

Montrer l'exemple et inspirer par ton action

C’est la chose la plus simple au monde que tu peux faire : assumer tes actions et tes engagements au quotidien !

En montrant comment tu vis, ce que tu réalises, ce que tu testes (qui fonctionne ou non), qui tu rencontres, ce que tu apprends, entends, vois, les avantages et bénéfices que tu rencontres, ce qui te révolte, en partageant l’actualité… tu sensibilises ton entourage d’une manière douce. Tu ne te rendras pas forcément compte du changement autour de toi (mais parfois oui !). C’est ce qu’on appelle « semer des graines ».

Mais pour qu’il y ait le début de quelque chose, une inspiration, un déclic, une question… il faut oser en parler et le montrer. Si tu ne dis rien, c’est certain qu’il ne va rien se passer.

  • Par ta manière de vivre tous les jours

  • Par ton action associative et ton engagement collectif (voire la partie précédente)

  • En créant ta propre entreprise pour porter tes valeurs

  • Par les réseaux sociaux qui sont des bons moyens d’influence

  • Tu peux également encourager les personnes autour de toi à évaluer régulièrement leur bilan carbone. C’est aussi une excellente façon d’apprécier le chemin personnel parcouru. Je te conseille l’outil ludique de Nos gestes climat.

S'informer et se former

Je t’encourage à prendre l’habitude de vérifier les choses par toi-même, et pas seulement avec une seule source. C’est très facile de faire courir des idées, de déformer ce qu’on a entendu ou d’oublier une partie des informations. Il ne faut pas oublier que l’intox (informations erronées) existe aussi de manière volontaire (tout comme le greenwashing).

À titre d’exemple, j’aimerais rappeler que les images que nous voyons dans les reportages reposent sur :

  • du montage. On coupe les images pour garder ce que l’on souhaite, on associe certaines images entre elles, ou avec une voix off, pour suggérer des associations d’idées précises.
  • du cadrage. La caméra détermine une partie du paysage à montrer mais nous n’avons jamais la vision d’ensemble.

Rien n’est blanc ou noir, tout est nuance, et tu as besoin de plus d’éléments pour te construire tes propres idées. Je te parle également de ce que tu lis sur ce blog, il peut m’arriver de me tromper et de ne pas avoir toutes les informations. Même si je fais attention au maximum, l’erreur est humaine.

Tu peux donc tenir une veille avec quelques sources sérieuses que tu vas pouvoir consulter au besoin : actualités, avancées scientifiques et technologiques, personnalités influentes, organisations, etc.

Pour aller plus loin, tu peux aussi te former avec des Fresques (du climat ou sur d’autres thématiques), des ateliers Zéro déchet, des MOOC…

Ce qui te permettra de sensibiliser autour de toi avec encore plus de justesse 😉

J’espère qu’avec cet article tu auras trouvé de nouvelles manières d’agir pour tes convictions tous les jours et de manière impactante. Tu le vois plus que jamais : tes moyens d’agir ne dépendent sûrement pas d’un vote tous les 5 ans !

Je tiens à préciser que porter ses convictions, c’est prendre parfois le risque de ne pas plaire à tout le monde. Concentre ton énergie sur le positif qui ressortira de tes actions pour finalement servir un but collectif : mieux vivre tous ensemble.

Si tu as d’autres idées à partager ou que tu souhaites me poser des questions, tu peux me laisser un commentaire.

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