Comment sensibiliser ses collègues

Comment sensibiliser ses collègues

Nous sommes parfois désemparés du fait que l’urgence climatique soit si bien ignorée par nos pairs.

C’est pourquoi sensibiliser son entourage est essentiel. D’une part, c’est un acte citoyen : nul ne doit ignorer les enjeux climatiques qui vont tous nous toucher, et ce que nous pouvons faire. Chacun a droit à la connaissance en la matière pour pouvoir agir consciemment (ou ne pas agir).

D’autre part, parce que l’action individuelle ne suffit pas pour changer les choses. Ce n’est qu’en agissant collectivement que nous pourrons obtenir un résultat impactant.

Sensibiliser : indispensable pour la transition

Et bien qu’elle soit indispensable, ce n’est pas l’étape la plus simple. Pourquoi ? Sûrement parce que beaucoup de freins nous retiennent.

On a peur de déranger l’autre, peur de passer pour le moralisateur de service, peur du rejet aussi. L’image de l’écolo relou subsiste, bien que le climat et le monde changent vraiment.

Et pourtant, il ne s’agit plus d' »être écolo », car nous devrions tous agir en ce sens. Dans mon ancien travail, c’était ma plus grosse frustration vis-à-vis de mes collègues. Je ne savais pas à ce moment-là comment m’y prendre pour semer les graines de la transition. J’avais toutes ces peurs bloquantes.

Bien souvent, le problème, ce n’est pas nous-mêmes, c’est surtout la méconnaissance. Les gens peuvent tout simplement ne pas être au courant de ce qui se joue.

Ou alors, ils ont une image stéréotypée des personnes « écolos » et pensent, qu’en pratique, les habitudes écolos sont contraignantes. Ou encore, ils peuvent croire qu’il n’y a plus rien à faire, ou que eux n’y peuvent rien.

C’est pour cela que sensibiliser est une éco-action importante, malgré notre peur d’être rejeté. Mais comment s’y prendre  concrètement ?

Je te présente ici les 4 phases par lesquelles passer pour rallier tes collègues à ta cause.

Phase 1 – Expliquer quels sont les enjeux et le role de chacun

Avant de demander aux autres de faire quoique ce soit, ne serait-il pas plus logique de commencer par le commencement ?

Il y a bien des raisons pour s’engager dans une démarche éco-responsable : protéger les générations suivantes, prendre soin des animaux, préserver les paysages naturels, éviter des catastrophes climatiques… Mais elles ne nous sont pas tombées dessus tout d’un coup. Nous avons entendu ou vu quelque chose qui a fait tilt chez nous. Une prise de conscience.

Informer des situations environnementales, c’est la base de tout. Cela fera mouche à coup sûr.

Certaines personnes auront peut-être besoin de « preuves ». Pour savoir ce dont tu peux parler avec tes collègues, je te préparerai un article sur le dérèglement climatique, mais en attendant, les rapports récurrents du GIEC sur la situation climatique sont un bon point de départ.

Une fois qu’on sait ce qu’il se passe réellement, quel est notre rôle à jouer ? On peut effectivement se demander comment nous, petits humains, avons tant de poids sur une planète qui existe depuis bien plus longtemps que nous (et qui existera bien après).

Le fait est que les études remontant aux années 1800 n’inventent rien : les progrès de l’industrialisation ont engendré des machines polluantes, productrices de gaz à effet de serre en grand volume, qui provoquent un changement climatique trop rapide et défavorable aux formes de vie que nous connaissons.

Nous jouons donc bien un rôle moteur dans le déséquilibre de la planète et nous avons, par conséquent, le pouvoir de changer cette tendance. Bien que certains changements soient, pour certains, déjà presque irrémédiables (mais pas tous).

Tu peux aborder tous ces sujets avec tes collègues, par petites touches. Glisser un mot sur une actualité, un article, un fait marquant, en parlant d’un livre ou d’un documentaire que tu as vu, de l’urgence, de ce que tu constates et observes toi-même. « Vous avez vu/entendu parler de… ? J’ai lu que c’est parce que… On pourrait faire xxx dans l’entreprise pour faire quelque chose« .

Et bien sûr, parler de ce que toi tu mets en place de ton côté et pourquoi. Montre l’exemple.

Lancer une petite discussion au travail – avec des mugs et des gourdes à la place du jetable bien sûr 😉 – pour semer des graines

Phase 2 – Parler des benefices de la transition

Un autre bon moyen de toucher tes collègues, c’est de démontrer les bénéfices d’une démarche écologique. Que ce soit pour soi-même, pour l’entreprise et pour la société.

Car non seulement ce que l’on fait est bon pour la nature, mais c’est par conséquence bon pour l’homme 😉

C’est toujours bien de montrer ce qu’on y gagne quand on doit se lancer dans un projet ou une action. C’est le moteur de la… motivation !

Et pour cela, pars de ton expérience : qu’est-ce qui, pour toi, est bénéfique dans ta démarche ?

  • Le fait de te sentir utile, meilleur ?
  • De faire quelque chose pour tes enfants ?
  • De te sentir plus en phase avec la nature ?
  • La fierté de faire toutes ses actions ?
  • De partager cela avec d’autres personnes, associations, réseaux avec lesquels tu œuvres ?

Les exemples sont multiples, et là encore, certaines choses vont parler à certaines personnes et moins à d’autres. Alors sois aussi à l’écoute de tes collègues. Qu’est-ce qu’ils chercheraient à obtenir à travers leur action écologique ?

Quant aux bénéfices de l’entreprise, en voici plusieurs :

  • une image positive auprès des clients, des collaborateurs, des autres entreprises du secteur d’activité… et aussi lors des recrutements
  • une nouvelle clientèle, sensible aux questions environnementales
  • des économies en choisissant du durable
  • renforcer les liens dans l’entreprise
  • faire partie des entreprises pionnières et innovantes pour l’avenir
  • être une entreprise qui compte sur sa localité
  • préserver la santé des salariés
  • anticiper la règlementation
  • demander des financements spécifiques…

Phase 3 – Lever les freins de nos collegues

Certaines personnes te diront peut-être que ce que tu fais ne sert à rien, que c’est trop extrême pour eux. Et c’est OK.

Tout le monde ne peut pas être au même niveau de conscience de ce qu’il se passe et au même niveau d’action. Et chacun a ses propres freins intérieurs. Liés à des croyances limitantes.

« Ce n’est pas mon travail. Je ne suis pas payé pour ça. Je n’ai pas le temps. C’est compliqué. C’est trop tard. Je ne suis pas un expert. C’est à la direction de le faire.« 

Tu les as peut-être eu, toi aussi, ces freins. Peut-être les as-tu encore.

Si tu as réussi à en lever certains, tu peux parler de ta propre expérience à tes collègues. Voici quelques arguments :

  • Nous sommes tous responsables par nos modes de consommation, on peut donc tous faire quelque chose.
  • Il y a des choses simples à faire et qui peuvent déjà améliorer beaucoup les choses (à travers nos transports, nos énergies, notre alimentation…).
  • À plusieurs, on peut trouver le temps de faire des choses. Et ça peut être sympa !
  • Il est encore temps de s’y mettre en se concentrant sur les efforts impactants.

Si malgré cela, tu es confronté à des réticences, ne cherche pas à convaincre absolument tes collègues. Cela ne fera que les braquer.

Encore une fois, tu sèmes des petites graines dans les esprits. Informe de l’urgence et de ce qu’il est possible pour chacun de faire, et c’est tout.

Tu peux être frustré de te retrouver confronté à l’inaction ou au déni. Mais dis-toi que l’esprit humain est complexe, qu’on ne réagit pas tous de la même façon.

Ton rôle ici et maintenant, c’est de toucher ceux qui n’attendent que toi pour passer à l’action 😉

Phase 4 – Proposer des actions simples et ludiques

Une fois que tu as su toucher quelques personnes, vous allez peut-être vous demander ce qu’il est possible de mettre en place à votre échelle. Pour cela, un mot : simplicité.

Vous n’êtes pas là pour vous compliquer la vie sur votre temps de travail. Chacun a sa charge de tâches, ses obligations envers l’employeur, sans compter, la charge mentale que l’on s’impose à soi-même.

Je te propose plusieurs actions que vous pourriez mettre en place quelques fois dans l’année, afin de commencer à passer à l’action dans votre entreprise.

  1. Proposer des interventions

Pas mal d’intervenants extérieurs proposent des séances de sensibilisation, mais aussi des ateliers, souvent ludiques, tels que la Fresque du climat. Des entreprises ou des associations locales et engagées peuvent aussi venir présenter leurs actions sur différentes thématiques et répondre aux questions de tes collègues, pour donner des idées.

  1. Déposer des prospectus et des affiches

Sur Internet, tu trouveras des exemples d’affiches de sensibilisation aux enjeux climatiques ou sur les gestes simples à adopter (voir ci-dessous). Écogestes, numérique responsable, anti-gaspi, tri des déchets… les sujets sont variés.

Le must : trouver des thèmes en lien avec ton secteur d’activité ou les postes de tes collègues (communication éco-responsable, bâtiment…).

Sinon, vous pouvez les réaliser maison. En voici une petite compilation :

  1. Faire circuler l’information en interne

Services des Ressources Humaines, syndicats, communication interne, lettre d’information des salariés, Intranet… il y a peut-être un moyen d’informer l’ensemble de ton entreprise.

En terme de contenus, on va privilégier des brèves d’actualités et des astuces sur une thématique (déchets, anti-gaspi, impressions, boîtes e-mails…). Vous pouvez aussi proposer des challenges (avec une récompense à la clé, why not !).

  1. Proposer des goûters écolos

Une façon conviviale de faire le plein d’idées, et de laisser chacun s’exprimer. Préparez un sujet à traiter, ou discutez juste à cœur ouvert de ce que chacun pourrait faire dans l’entreprise (tout en veillant au temps de parole). Prévoyez un instant plus léger avec un jeu ou un temps d’échanges libre pour faire connaissance. Avec un en-cas éco-responsable, bien sûr 😉

  1. Installer une boîte à idées

Dans un lieu accessible à tous, installez une boîte en carton pour l’occasion, attachez-y un crayon et laissez du papier (brouillon) à disposition. Prévoyez un temps de dépouillement lors d’une réunion hebdomadaire ou mensuelle pour choisir 1 à 3 actions à réaliser dans le mois (par tout le monde, ou par des bénévoles).

  1. Monter une éco-team pour passer à l’action

Informez vos collègues de la mise en route de cette équipe spéciale. Organisez des rencontres régulières pour faire un brainstorming, planifier et organiser des actions en équipe.

  1. Proposer des challenges entre collègues ou inter-services (voir inter-entreprises)

Les challenges renforcent l’esprit d’équipe et ajoute un côté ludique à l’action climatique.

Peser les poubelles 1 fois par mois pour viser un objectif de réduction par service, ou encourager les salariés à utiliser le moins possible la voiture pendant quelques jours… Comptez sur l’esprit de compétition !

Tu as à présent plusieurs astuces pour sensibiliser tes collègues aux questions environnementales et les motiver à passer à l’action. N’oublies pas que l’important est le plaisir partagé entre collègues. Outre le fait d’agir pour le climat, se donner un objectif commun va vous rapprocher et créer des liens pérennes, utiles pour vous et pour l’entreprise 🙂

Il se peut aussi que tu n’arrives pas à faire bouger les choses. Mes conseils : patience (je sais, facile à dire, moins à faire) et persévérance. Ne lâche rien, crois en tes convictions et poursuis tes actions de ton côté. Laisse les petites graines germer et pousser.

Le Guide du salarié éco-engagé

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