Nous sommes nombreux à vouloir agir et lutter contre le réchauffement climatique. Mais les habitudes ont la vie dure. Nos régimes alimentaires sont bien ancrés dans notre quotidien (de l’achat à l’assiette, en passant par la cuisine) et tout un système de rituels sociaux (repas, chasse, agriculture, etc.) y est accolé.
Il existe aussi beaucoup de croyances véhiculées (autour de la santé, à travers la publicité…) qui n’aident pas non plus au changement d’alimentation.
Et comme d’habitude, en avoir conscience, c’est déjà le début du changement avant de choisir des actions qui vont modifier nos régimes.
Ce secteur est incontournable en terme d’enjeu écologique, et on va revenir dessus dans la 3ème partie. Si vous vous demandez : quelle action de mon quotidien a un impact positif fort pour les prochaines années ? Votre banque, votre moyen de transport et… ce que vous mettez dans votre assiette 😉
Un plaisir quotidien auquel on ne touche pas !
Le sujet de l’alimentation est difficile à aborder quand on parle d’enjeu écologique (d’autant plus en France). Tout simplement parce qu’on touche à davantage qu’au contenu de nos plats : on touche à un de nos plaisirs quotidiens et privés.
Ce serait comme de donner un avis sur la manière dont tu te détends le soir ou le loisir que tu pratiques : si on émet un jugement, on se braque. Parce que c’est un moment à nous, une des rares choses que nous pouvons choisir (enfin, que tu croies 😉 ).
Dans l’inconscient, on utilise même l’expression plutôt mal vue « retirer le pain de la bouche », ce qui s’apparente à du vol. Et oui, manger, c’est important !
Les plaisirs liés à l’alimentation :
Le plaisir de se nourrir (un besoin de base) : même les animaux ont leurs préférences. D’ailleurs, certaines nourritures nous attirent grâce à leurs couleurs, leurs odeurs, leur goût.
Le plaisir social de se retrouver autour d’un repas.
Le plaisir de la découverte, de la nouveauté.
Une compensation lorsqu’on va mal (la nourriture est une des choses qui nous procurent un plaisir immédiat et simple d’accès).
Le plaisir de se récompenser : pour célébrer quelque chose, on va chercher à s’offrir des mets plus rares, qui tiennent lieu de récompense. Par exemple, le repas entre amis du week-end pour fêter la fin de la semaine.
À l’inverse, peu de choses négatives sont liées à l’alimentation, comme le fait de faire attention à sa santé et à l’impact écologique. Mais ce sont des conséquences qui semblent bien lointaines (tant dans le temps que dans la localité), comparées au plaisir immédiat que cela nous procure. En tant qu’humains, le choix est vite fait 🙂
Une question historique
Petit rappel :
Vegan (terme anglo-saxon) ou végétalien : aucune utilisation de produit d’origine animale
Végétarien : aucune nourriture composée de chair animale (viande et poisson)
Au cours de mes recherches, il ressort que le végéta*isme a toujours existé. On en retrouve des traces en Grèce Antique, avec la notion transmise par Platon de transmigration : on ingère la souffrance de l’animal en même temps que sa chair. De manière plus rationnelle, on souhaitait également éviter l’insalubrité due à la gestion des déchets animaux, vecteurs de maladies.
Il y a toujours eu une différence marquée entre les animaux qu’on peut manger et ceux domestiqués (qui obtiennent donc un rang au-dessus). Cela varie en fonction des territoires et des époques, et est souvent d’abord liée à une histoire religieuse avant d’être une problématique sociale.
La supériorité humaine n’a donc pas toujours été établie sur celles des autres animaux, certains étant les représentants de divinités, jusqu’à l’ère du christianisme (Dieu a fait l’homme à son image). De manière rationnelle encore une fois, on a trouvé l’argument que l’humain pense, a une conscience, contrairement aux autres espèces. Ce seul argument et son ingéniosité ont suffit à le placer au rang de prédateur suprême (après le Covid 😉 ). Dans d’autres religions, on croit que se réincarner en animal est une punition de sa vie précédente, et que pour s’élever il faut être réincarné en humain.
Pour contredire cela, le végétarisme a trouvé une source en la défense de la souffrance animale, qui présuppose que les animaux aussi sont doués de conscience et de sentiments. En même temps, certaines espèces restent sacrées, il est donc interdit de les consommer.
Pour synthétiser, la question morale a toujours existé : est-ce bien ou mal de manger un autre animal ? Est-ce qu’on respecte ou non la vie ainsi ? Ce qui présuppose que si c’est mal, une punition peut exister (divine ou sociale, avant d’être environnementale).
Cette question presque essentialiste n’est pas née avec la lutte écologiste des années 1970, mais trouve ses racines bien plus profondément dans l’histoire humaine.
Autre exemple paradoxal : la chasse.
Au Moyen-Âge, la chasse était érigée en une pratique royale et encensée par le catholicisme (Dieu a créé les animaux pour nourrir les hommes), tandis que sous Louis XV et Louis XVI elle était considérée comme honteuse. On considérait que manger du gibier était un régime de pauvre).
Le débat n’est donc pas nouveau concernant le végéta*isme. Par contre, nous connaissons depuis plusieurs années les impacts sur notre environnement, le lieu où nous vivons, de nos manières de nous alimenter. Si celles-ci nous mettent en danger, le problème est bien différent. Il ne s’agit plus de savoir si c’est bien ou mal de manger des animaux, mais bien de reconnaître que notre façon de faire a des conséquences très néfastes sur nos modes de vie.
Du vegeta*isme a l'ecologie
L’ancrage du végéta*isme arrive avec le Siècle des Lumières (XVIIIème siècle), où se posent des problèmes de gestion des déchets et de gaspillage alimentaire, mais aussi (toujours) d’une notion d’éthique.
En 1847, la Société Végétarienne voit le jour en Angleterre (qui est en fait végétalienne), suivie de la Vegan Society en 1944.
On commence à se demander si l’humain a vraiment besoin d’animal dans son assiette. La notion de protéine n’existait pas auparavant. Quel est le régime de base de l’homme ? A-t-il besoin de manger des animaux pour survivre ?
On se rend compte que l’humain a une physionomie frugivore (intestins longs pour digérer les végétaux, contrairement aux carnivores qui ont un intestin court).
Aussi, on observe que le régime alimentaire est aussi une histoire de peuples.
Beaucoup de régions du monde hors Europe ont comme base les céréales et les légumes, et l’agrémentent d’autres aliments en petites quantités (dans l’Afrique du Nord avec la semoule et les pois chiches, le riz et les lentilles en Inde, le maïs et les haricots en Amérique du Sud, etc.). Plus près de chez nous, il est dit que les Italiens sont plus végétariens que les Français.
Alors pourquoi notre régime alimentaire actuel semble-t-il basé sur l’équation céréales OU légumes + viande ?
Il est difficile de le savoir vraiment. Beaucoup d’hypothèses tendent à répondre à cette question.
Dans les milieux écologiques, on pointe du doigt la PAC, Politique Agricole Commune. Ce système financier subventionne un certain modèle intensif d’agriculture depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et au tout début des 30 Glorieuses, pour relancer la machine économique suite aux pertes dues à la guerre.
Le but : nourrir toute la population à un prix abordable, élever les niveaux de vie paysans, créer de l’emploi, exporter… Pour remplir ces objectifs, on intensifie la production alimentaire (élevages et cultures) et on modernise les techniques, créant ainsi des activités de grande envergure, émettrices de gaz à effet de serre.
On sait aujourd’hui grâce aux études scientifiques nombreuses et prolifiques sur le sujet que ces activités nous empêchent de lutter convenablement contre le réchauffement planétaire. On touche désormais à quelque chose qui est vital.
Il ne s’agit plus de savoir si c’est bien ou mal de manger de la viande. Mais d’en produire moins (et donc de moins en consommer), car cette activité est énergivore et polluante à grande échelle.
La question est de savoir comment s’adapter à un environnement changeant à cause de nos activités, malgré le plaisir qu’on en retire.
L'impact environnemental de l'alimentation et les solutions
L’ADEME, agence nationale pour la transition écologique, calcule que l’impact environnemental individuel est à 33% lié à l’alimentation (contre 50% pour les transports). Qu’est-ce qu’on inclut dans ce calcul ?
Les transports de marchandises (grandes distances, rejet de CO2).
Les élevages de bovins rejettent du méthane en grande quantité (2ème gaz responsable du réchauffement du climat, son pouvoir de réchauffement global est 30 fois plus élevé que le CO2).
La déforestation pour installer des cultures visant à nourrir les élevages (supprimant ainsi des puits de carbone, et créant une activité polluante).
Les terres fragilisées par les engrais, fertilisants, pesticides, insecticides, fongicides et autres pour compenser et éliminer les nuisibles (étude de Lydia et Claude Bourguignon, agronomes à l’Institut national de la recherche agronomique)
Les procédés de production de nourriture sont énergivores en eau, alors même qu’on gaspillerait 1/3 de la production alimentaire mondiale chaque année.
Heureusement, il existe d’autres systèmes de production et d’élevage plus naturels et respectueux, même si moins rentables. Seule conclusion : adapter notre régime alimentaire aux enjeux d’aujourd’hui, se détacher de ceux de l’après-guerre.
Et à la base de tout ceci : l’offre et la demande.
Si le consommateur continue de consommer de la viande en quantité et achète via des systèmes intensifs (ex. produire des aliments hors saison comme les tomates fraîches en hiver), le producteur continue son travail de la même manière. Pour rediriger les productions, il faut rediriger notre porte-monnaie, et accompagner la transition des modèles d’agriculture (formations, financements).
Rappelons ici que l’environnement nous permet :
d’être en bonne santé (les médicaments ont leur origine dans la nature)
d’avoir une eau propre et non polluée
de nous alimenter (mettre en péril l’environnement, c’est aussi mettre en danger notre alimentation finalement)
de cultiver des fibres pour nos vêtements (ex. le coton)
de construire nos logements et alimenter l’énergie (le ciment vient du sable, le bois, etc.)
de respirer
de réguler le climat
C’est un cercle vicieux qui s’inscrit autour de l’alimentation : elle est à la fois indispensable à notre survie et mise en péril par nos pratiques de production.
Pourtant on connaît les enjeux et leurs solutions :
L’agriculture biologique prônant moins de pesticides et plus de préservation des terres et de la biodiversité suffirait à nourrir 12 milliards d’êtres humains, soutenue par d’autres systèmes comme la permaculture.
Les dangers de consommer trop de viande sont connus (troubles rénaux, maladies cardio-vasculaires).
Encourager le local est vertueux pour l’économie et la réduction des transports, et l’auto-suffisance est une réponse aux problèmes géopolitiques. Les agriculteurs, comme le système de santé, sont en péril dans certaines régions.
À notre échelle, que pouvons-nous encourager ?
Voter pour des programmes encourageant l’alimentation durable
S’approvisionner auprès de producteurs, épiceries, magasins d’alimentation locaux et bios
Réduire la viande dans nos repas (ce qui est en plus coûteux), et notamment les viandes les plus énergivores (bœuf, porc, agneau au profit de volailles), et ce même au restaurant
Alterner avec des protéines végétales (tout en se supplémentant)
Consommer de saison (afin d’éviter l’utilisation de produits chimiques)
Partager nos connaissances autour de nous
Pourquoi ne met-on pas en oeuvre ces solutions ?
À cause de beaucoup de croyances, dont certaines sont véhiculées par le marketing et les lobbies alimentaires.
L’apport nutritionnel et énergétique de la viande ne se retrouve nulle part ailleurs (alors même qu’il existe des sportifs de haut niveau vegan). Il est vrai que si les protéines sont indispensables à l’humain pour les os, les muscles, les organes, la croissance, la restauration des tissus, etc., elles se trouvent aussi dans d’autres aliments comme le soja, le quinoa ou encore les légumineuses.
Ne pas manger de viande, c’est être carencé. En assemblant autrement ses aliments (notamment en associant céréales + légumes), avec une activité physique (pour éviter les pertes de calcium) et en se supplémentant, il n’y a pas de carences. D’ailleurs, la supplémentation devrait même être conseillée aujourd’hui car nos aliments sont déjà pauvres en certaines molécules. Quand on change de régime, on veille à bien se renseigner et on se fait accompagner si besoin pour ne pas mettre sa santé en péril !
Le bio est cher, alors que les produits d’origine animale font noter la note.
Être végétarien = mangeur de laitue. Outre que les plats peuvent être très variés, les céréales sont une base non négligeable dans l’alimentation végétale.
Liste non exhaustive.
Une solution : s’intéresser à l’alimentation végétale et tester, se faire accompagner par des personnes végéta*iennes.
L’idée n’est pas de se culpabiliser les uns et les autres, mais bien de positiver ses habitudes à soi pour pouvoir continuer à associer le plaisir de manger à la découverte de nouvelles saveurs.
L’alimentation est un vrai sujet, non ? J’espère que cet article t’aura donné du grain à moudre et peut-être donner envie de tester de nouvelles habitudes alimentaires, non seulement pour l’impact que tu peux avoir mais aussi pour découvrir de nouvelles manières de te nourrir, tout en te faisant plaisir !
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